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Je ne réalise pas que dans seulement trois jours, je ne serais plus à Paris mais bien à Amsterdam. Amsterdam n’est qu’à trois heures de Paris en train, mais pourquoi cela me paraît tellement loin ?
Partir étudier / travailler à l’étranger m’a toujours paru comme quelque chose d'inaccessible, comme si ça n'arriverait qu’aux autres. Non, pas que je remette en doute mes capacités, mais parce que j’étais persuadée que jusqu’à présent, ce type d’expérience n’était tout simplement pas fait pour moi. Les mots de ma mère à mon égard (qui ne sont pas tout à fait vrai, mais qui en disent long..) : “Jessy, 21 ans. De nature timide et réservée, elle adore rester dans sa chambre, tellement elle n’apprécie pas l’extérieur, ni les autres. L’inconnu l’effraie. Elle préfère passer du temps seule.”
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Problème de valise. Je n’ai pas de valise. Enfin, la valise que j’avais prévu n’est pas suffisamment grande pour entreposer l’ensemble de mes affaires. Je n'ai pas pensé une seule seconde que tous mes pulls (j’en ai pris quatre) occuperaient autant de places. Second problème. Je n’ai pas d’ordinateur pour le stage. Je t’adore mon Asus, nous avons passé les meilleurs et les pires moments de notre scolarité ensemble, nous nous sommes encouragés l’un et l’autre. Mais malheureusement, tu commences à faiblir et je n’ai pas envie de perdre patience à chaque fois que tu ne fonctionneras plus. Car oui, tu vas buggé et un certain nombre de fois. Et je n'ai pas envie de m'énerver.
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L’objectif que je me suis fixée aujourd’hui est de trouver une valise avant mon départ, à savoir aujourd’hui, et d’acheter un ordinateur portable. Comme à mes habitudes, je décide de m’y prendre à la dernière minute... (Je pars demain)
9h30, direction le centre commercial
J’en tombe dénue, j’ignorais qu’une valise coûtait aussi chère, ça y est, je pense que je viens bien d’atterir dans l’âge adulte pour me plaindre de ces choses-là.
Assez réjouie de mon dernier achat et du déroulement de cette matinée, il ne me restait plus que mon ordinateur à acheter. C’est en me rendant à la Fnac, que mon enthousiasme a disparu subitement, c’est littéralement une douche froide que je viens de me prendre. La Fnac ne possède pas cet ordinateur, ni en magasin ni en ligne. Pour l’obtenir, les vendeurs me conseillent de me rendre dans un autre magasin, mais ils me le délivreront qu’à partir de samedi après-midi, voire lundi. Sauf que, je pars samedi dans la matinée... Je suis partie à Darty, ils ne l’ont pas non plus. J’ai regardé partout en ligne, il est nul part, comment cet ordinateur peut-il être introuvable ? J’ai essayé de contacter les différentes Fnac de l’Essonne pour essayer d’en réserver un, aucune réponse... Je commence à ressentir des sueurs froides. Le temps semble s’être accéléré tellement plus rien ne va dans ma tête, je cogite, j’essaie de trouver une solution. Le retour en voiture me paraît interminable...
On est enfin rentré à la maison, je décide de reprendre mes esprits et poursuivre mes recherches (ahah la drama queen). Il me faut cet ordinateur coûte que coûte, avant demain.
Plusieurs minutes plus tard, je le trouve enfin. Il y a un seul ordinateur en stock et il est disponible en retrait à la Fnac d’Italie 2, quel coup de chance. Je m’empresse de le commander dans la minute. Il m’indique : ordinateur récupérable dans l’heure.
Je peux enfin souffler... Et faire de nouveau descendre ma tension.
...Mais, ce n’est pas fini. Je viens de me rappeler qu’il y avait une grève de transports aujourd’hui. Pourquoi le sort a choisi de s’acharner sur moi aujourd’hui ? Jérémy, mon frère, me propose de m’accompagner en voiture, quel soulagement (encore une journée de plus, pour me plaindre de n’avoir pas passé le permis).
Après plusieurs frayeurs de paiement refusé, de livraison annulée... Il est enfin entre mes mains ! Il est maintenant temps de rassembler toutes mes affaires et préparer ma valise pour de bon..
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Le départ était prévu à 11h. Venu le moment des adieux, un simple au revoir de papa et une étreinte de maman - je percevais une certaine tristesse dans ses yeux. Qu’est-ce que ça peut être terrifiant pour un parent, de voir son enfant partir plusieurs mois dans un monde inconnu.
Pliée en quatre dans cette voiture, j’ai fermé mes paupières le temps d’une dixième de secondes et nous étions déjà dans le nord de la France. J’étais à la fois excitée de partir, mais plus on s’éloignait de la maison, plus la peur grandissait à l’intérieur de moi. Les kilomètres passaient et ce poids commençaient à devenir insoutenable.
Habiter dans un pays où la culture, la langue, le climat sont différents est un grand challenge pour moi. Sortir de ma zone confort a toujours été compliquée, encore plus pour une personne de nature réservée.
Je suis arrivée à 17h30, sous la pluie d’Amsterdam. J’ai déposé mes affaires à l’hôtel, j’emménage demain.
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Réveil maussade sous la tornade. Il faisait si froid dans cette chambre, j’ignorais qu’il fallait activer le chauffage manuellement. La tornade était si violente qu’elle en faisait trembler le bâtiment. J'osais à peine m’approcher de la fenêtre. Ce vacarme à l’extérieur m’en faisait oublier ce silence assourdissant de cette chambre d’hôtel.
Arrivée à 12:05, à l’appartement. Je n’en croyais pas mes yeux, je vais vivre dans cet appartement durant trois mois ? Avec d’autres gens que ma propre famille ? Non impossible... J’avais si peur de sortir, d’une certaine confrontation à l’inconnu, tout semblait étrange et terrifiant, les trottoirs, les bâtiments, les passants. La pluie donne un visage piteux à cette ville. J’ai décidé de rester à l’appartement aujourd'hui, l’acclimatation m’avait épuisée et puis cette météo ne me donnait pas envie de sortir non plus. C’est à 20h40 précise, que j’ai décidé de me rendre à l’agence, 25 min en trottinette, pour me rendre compte du chemin que j’allais prendre quotidiennement. Quelle idée farfelue de sortir à 20h40 sous une pluie et un vent pareille. Il pleuvait si fort, il faisait si sombre. Quelle ville de morts.
Il était 21h30 quand je suis rentrée à la maison, j’ai failli mourir trois fois.
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Réveil ce matin à 7h30.
Ma première journée de stage. Aucun bruit dans l’appartement. C’est si déstabilisant, habituellement dès 7h15 ça jacasse, ça se bagarre dans la maison. Je ne sais pas encore si j’apprécie ou au contraire je déteste.
Ayant emporté avec moi ma trottinette électrique, comme les transports coûtent très cher ici, j’ignorais l’éventualité qu’il puisse pleuvoir et il s’avère qu’aux Pays-Bas la météo est très pluvieuse (dans les faits, il fait ensoleillé que très peu de jours dans l’année et le reste de l’année il pleut beaucoup).
Mais où avais-je la tête ? De plus, j’avais demandé à ce qu’on me lisse les cheveux deux jours auparavant... En me préparant pour me rendre à l’agence, je m’étais simplement vêtue d’une veste légère, sans capuche, ni bonnet. Tout allait bien en partant de la maison, le ciel était dégagé, je n’étais pas effrayée par la météo, au contraire, je discernais des rayons de soleil. Sur ma trottinette, je naviguais tel un capitaine qui caressait les vagues. Puis d’un coup, au milieu de mon trajet, je vois sur le sol tomber des gouttes de pluie, je me suis dis que cela passera et qu’il faut continuer. Sauf que cette pluie n’était pas passagère, au contraire ça s’est empiré. Impossible de faire machine arrière, je décide de braver la pluie et de continuer la tête haute (plus ou moins, je ne voyais plus rien). Je viens de me prendre littéralement une averse.
Arrivée à l’agence, je suis trempée de la tête aux pieds. Mes vêtements ne ressemblent plus à rien, précisément, ils ressemblent à une serpillère prête à aller à la poubelle. Ma coupe de cheveux non plus n’a pas tenu le choc, tout comme ma dignité d’ailleurs.
D’autant plus, je pensais qu’en arrivant à l’agence, l’équipe entière m’attendait pour m’accueillir. Mais, ce fût seulement Shiron, la manageuse qui s’occupe des talents et Nils, le directeur artistique de l’agence qui m’ont accueilli, ce n’est pas plus mal... Puis, j’ai rencontré l’ensemble de l’équipe via un call zoom. Ils semblaient si contents de m’avoir à leurs côtés. Tellement chaleureux.
En début d’après-midi, Nils m’a introduit au projet “Garrixon”, le projet sur lequel je vais travailler ces prochaines semaines, voire ce mois-ci. C’est un projet de rebranding stratégique et visuel autour de l’univers des sneakers. Ça à l’air génial.
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J’ai fait la connaissance de Kaat, elle a un an de plus que moi, elle est commerciale à l’agence depuis bientôt deux ans. Originaire de Belgique, elle s’occupe de tout l’aspect marketing et business de la boîte que ce soit la négociation, l’écriture de contrats avec de potentiels clients (avec l’aide de Georgios, le gérant de la boîte). Mais, elle est aussi chargée de la communication autour de l’agence, notamment sur ses différents réseaux sociaux.
Puis, j’ai rencontré en début d'après-midi Elena qui est une jeune designer graphique, originaire de Madrid, avec qui je vais travailler sur le projet Garrixon. Quel accueil, je ne sais pas si c’est très néerlandais, mais je me suis sentie immédiatement à l’aise. Nous avons réalisé un 1on1 afin de se rencontrer en bon et dû forme comme nous comptions travailler ensemble.
1on1 est un concept de rencontre à deux, d’où le nom, qui consiste à se poser calmement dans une salle propice dans l’agence pour discuter, parler d’un sujet ou d’un projet. J’adore ce concept, la France n’a qu’à se bien se tenir.
La première mission qui m’a été attribuée pour ce nouveau projet Garrixon est la conception d’un moodboard pour y définir le nouvel univers et le nouveau langage visuel, que nous souhaitons donner à la marque.
Jusqu’à présent, je n’avais jamais bénéficié d’autant de temps pour réaliser un simple moodboard, on m’avait donné toute la journée pour le faire. Avoir autant de temps pour réaliser cette simple tâche m’a amené à m’interroger sur mes capacités, c'est moi qui suis aussi lente faire un moodboard ou serait-ce juste le rythme très "lent" de l’agence ?
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C’était la première fois que j’entrais dans une agence pour y travailler. Puisque mon précédent stage était tombé durant la pandémie, je ne m’étais jamais rendue sur place. J’avais la sensation d’être émerveillée comme une gamine de 14 ans, qui fait son tout premier stage de 3e. Finalement, ce n’est pas si différent de la France, sauf le mobilier, ici il vénère le bois, le bois et le bois. J’aime bien, ça donne un côté chaleureux, ça rompt avec l’idée qu’on peut se faire des agences de communication, où tout semble être "sans vie", très corporate.
L’agence comprend quatre grandes pièces, dans lesquelles nous pouvons nous rendre si nous souhaitons réaliser un call, pour y travailler ou même se poser et admirer le paysage à travers ces grandes baies vitrées.
Les quatres grandes pièces sont toutes reliées par cet espace de bureaux et la cuisine.
Shiron, la manageuse, semble s’être amusée en décorant l’agence, il y a des plantes dans tous les recoins de l’agence.
“On a emménagé dans cet immeuble il y a cinq mois. L’espace était si neutre et sans personnalité, qu’on a voulu à tout prix retrouver l’esprit de notre agence.”
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C’est déjà samedi, j’ai choisi de ne pas rester à la maison et découvrir la ville. Je suis d’abord allée au Bloemenmarkt, c’est un marché aux fleurs, enfin pas véritablement. Au tout départ, je pensais que ce marché ressemblait à une serre ou quelque chose qui s’y apparentait. Mais ce marché ressemble au marché de la Grande Borne. Ils ne vendent que des petites fleurs et des bulbes, beaucoup de bulbes. Par ailleurs, d’après ce que j’ai entendu, il serait interdit de rapporter une énorme quantité de bulbes en France, à cause des trafics de bulbes qui sévissent en Europe.
Puis, je me suis rendue dans le quartier De Pijp, situé dans la zone sud-est d’Amsterdam. C’est un quartier qui semble plus mouvementé et plus jeune, en remarquant les bars qui jalonnent les rues.
Après ma longue balade sous ce froid glacial, je me suis décidée à marquer une pause dans ce parc boueux, je réalise que c’est un parc pour chien. J’ai découvert une nouvelle espèce d’animal : les poules d’eau. J’en avais jamais vu auparavant, c’est si étonnant, c’est comme si un oiseau, un poulet et un ballon d'hélium s’était croisé pour créer une espèce. Quel animal étrange.
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Aujourd’hui, je faisais l'expérience de ma nouvelle vie d'adulte en invitant des convives à venir dîner à la maison. J'adore ce principe de recevoir et de préparer un souper. Oui je confirme, j'ai bien 45 ans.
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Ce matin, en me réveillant, j’avais la sensation d’être de nouveau à la maison. Je me suis réveillée par les bruits dans la rue, sûrement des enfants.
À l’agence, nous devions être trois aujourd’hui, c’est déjà mieux que lundi dernier… C’est si silencieux. Habituellement, j’apprécie le silence, mais le fait d’être exposée au silence nuit et jour depuis maintenant une semaine, est devenu lourd.
“Il faut qu’on se parle dans cette maison. On n’est pas dans un cimetière” : les reproches de ma mère, à chaque fois qu’il n’y avait aucun bruit dans la maison, ne résonnent plus de la même manière désormais.
J’ai enfin commencé à travailler sur les visuels pour développer le langage visuel pour Garrixon. Je commence enfin à apprécier, je déteste la conception de moodboard, chercher pendant des heures voire des jours, des images, c’est si peu créatif... Je n’ai tellement pas l’habitude de passer autant de temps à explorer et expérimenter que c’est très perturbant. Je m’étais faite à l’idée que je comptais travailler de façon excessive comme le cliché du stagiaire que ça m’a donné une sacrée bouffé d’air.
Maart
1
Aujourd’hui, c’était l’anniversaire de mon frère, Jérémy. J’avais complètement oublié. Je ne parviens jamais à retenir les dates d’anniversaire, je m’en veux à chaque fois...
Le temps semble passer si lentement et rapidement à la fois. À peine, je me décide à travailler qu’il est déjà l’heure du déjeuner. Shiron m’a planifié des 1on1 avec chaque membre de l’équipe pour mieux faire connaissance, puisque une grande partie de l’équipe travaille depuis chez eux. Aujourd’hui, j’ai fait la connaissance de Chess et Jennifer. Chess est une designer graphique junior, originaire d’Allemagne. Avant d’avoir été engagée dans l’agence, elle a cumulé deux stages de trois mois. Elle s’occupe de certains projets de communication en plus de la partie graphique des réseaux sociaux de l’agence. Jennifer, quant à elle, est productrice digitale. Elle est l’intermédiaire entre les clients et l’équipe, et les différents départements de l’agence. Elle détient un œil et une vue hélicoptère sur l’ensemble des projets.
Depuis ce matin, Nils, le directeur artistique, garde un sourire béat depuis qu’il a découvert mes recherches graphiques. “Wow Jessy, you made my day with your garrixon designs! so great!”
À chaque fois, c'est super embarrassant, c’est comme si, ces compliments ne m’étaient pas totalement destinées. Je pense que mon humilité, mon manque de confiance et ma constante recherche d’amélioration m’empêche d’apprécier n’importe quel type de résultat.
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Une journée comme les autres.
J’ai réalisé un call en 1on1 avec Emma, qui est également productrice à l’agence. Elle vient du Canada et travaille pour Your Majesty depuis maintenant 7 mois. Tout le monde semble nouveau ici ou c’est l’agence qui a fait le ménage ? (cette phrase a l'air si machiavélique).
Aujourd’hui, nous avons eu un appel avec le directeur créatif de Garrixon en fin d’après-midi. Il fallait tout finaliser, à savoir, le moodboard au sujet de la direction photographique, la note d’intention, les visuels etc. J’ai jamais eu autant de temps pour expérimenter, ce qui fait que j’avais l’impression parfois de tourner en rond, ou bien de ne pas savoir vers où je me dirigeais, cette sensation d’être portée par ton intuition, mais tu ne sais pas si elle est bonne... Ce temps et ce terrain dédié à l’expérimentation, à l’exploration visuelle avec zéro contrainte, m’ont été si thérapeutique. Je ne me suis jamais autant amusée que dans ce projet.
C’est pourquoi, au départ, j’appréhendais la réaction du client, j'avais peur qu’il ne saisisse pas la direction artistique générale et les intentions que nous avions derrière la créa', comme les visuels restaient pour la plupart assez “abstraits”, enfin pour moi. Mais tout compte fait, il a adoré ! Il a beaucoup apprécié les planches que j’avais proposé. Comme quoi, il faut toujours croire en ses capacités, même quand on se sent parfois dépassé par ses propres intuitions. Dès lors, que ça se sent qu’on s’est amusé sur un projet, ça devient étrangement beaucoup plus clair et intelligible pour la personne d'en face.
D’ailleurs très sympathique ce directeur créatif, j’adore l’énergie qu’il dégage. Je ne sais pas où l’agence dégote des clients pareilles, mais ça redonne foi en l’humanité, il existe des bons clients dans l’industrie créative ! On ne travaille pas toujours avec des gros c*ns !
3
Ce matin, j’ai dû prendre littéralement 40 minutes pour me lever, je n’avais jamais pris autant de temps auparavant, 5~10 minutes me suffisaient amplement. Dois-je en accuser le climat ou ce lit trop confortable ?
Sinon, j’ai appris à utiliser Figma, pour créer des compositions web/app en utilisant des grilles de composition, à la manière d’inDesign. J’ignorais qu’il y avait aussi des règles de composition en webdesign. Mais enfin ça reste de l’éditorial Jessy... Bien évidemment qu’il y en a.
Nous sommes jeudi, ce qui signifie team outing et ici c’est très sacré, les sorties/évènements avec son équipe de travail.
Shiron a prévu pour aujourd’hui, une soirée bar et escape game. Bon, j’étais assez perplexe. Je savais pertinemment que je n’allais pas assurer. J’avais déjà fait l’expérience avec ma famille, j’étais éclatée au sol... Donc, devoir refaire un escape game, en plus en anglais ?! Non mais c’est clairement une mission suicide là. Mais j'étais dans un traquenard, je ne pouvais pas refusé puisque toute l'équipe y participait, et puis je venais d'arriver, je ne voulais pas passer pour la meuf pas drôle.
Résultat : Nous avons perdu. Mon seul palmarès de la soirée c’est : “j’ai réussi à débloquer un cadenas, je ne sais pas comment, mais j’ai réussi”. Après l’escape game, nous nous sommes rendus dans un endroit très sympathique, dans le nord d’Amsterdam. C’était la première fois que je prenais le ferry et que je me rendais dans le nord d’Amsterdam. C’était très sympathique. Nous avons discuté, bu et mangé.
Puis, en rentrant, j’ai fait le taxi d’Elena avec ma trott' (avec qui je travaille actuellement), nous avons pas mal discuté ensemble pendant le retour.
4
Aujourd’hui, j’étais de bonne humeur. Après la soirée d’hier, je me suis réveillée sur les chapeaux de roues, prête à démarrer ma journée de travail. C’est alors, en plein milieu de mon trajet quotidien, enfin, au tout début de mon trajet, à même pas
5 minutes, ma trottinette commence à ralentir de manière très étrange.
Je prend du temps à réaliser... Je regarde l’écran, je vois qu’il n’y a que 3 barres affichées sur 5, mais je me persuade que ce n’est rien, elle n’est simplement pas chargée à fond. Ayant seulement 25 minutes, je me convaincs qu’elle tiendra le coup...
2 minutes plus tard. La trottinette ne veut plus avancer.
Je ne comprends rien, je pensais l’avoir chargé toute la nuit. Aurais-je oublié d’appuyer sur le bouton avant de la brancher ? À ce moment précis, je repense à ma discussion avec Jérémy et David (mes frères), qui m’avaient demandé en ricanant, si j’étais tombée en trottinette. Je leur avais répondu que je n’avais eu aucun problème depuis mon arrivée... Ils m’ont porté la poisse. C’est décidé, plus jamais je reprends la trottinette, il y a plus de désavantage que d’avantage. La prochaine fois, je prendrai un vélo.
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Étant une passionnée de photographie et d’exposition qui met en valeur des artistes photographes de la scène internationale, le FOAM Museum était le premier sur ma liste de musées à faire à Amsterdam.
Ce mois-ci, le FOAM Museum a mis en lumière le travail de Jonathas de Andrade, photographe et réalisateur brésilien. Au cours de cette exposition, je découvre un travail politique et poétique, qui aborde les questions d’inégalités sociales, économiques et raciales, des sujets encore inhérents à la culture brésilienne.
Notamment, ce film dont j’ai été et je reste encore profondément marquée, "Jogos Dirigidos" qui est un court film d’une heure, dans lequel l’artiste va à la rencontre de la communauté des Várzea Queimada. Une communauté isolée située au nord-est du Brésil et qui a pour spécificité d’être composée uniquement d’habitants sourds et muets. Ces habitants n’ont jamais connu l’école, ils ne savent ni lire, ni écrire et pour autant, ils ont imaginé un langage qui leur est propre. Un langage acrobatique, poétique, une valse de mots qui s’apparente de temps à autre à la langue des signes.
Le film nous présente un groupe de 18 personnes qui jouent ensemble, qui s'apparente à des exercices corporels liant les gestes au mots.
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Je n’aime pas la foule.
En me rendant dans le centre d’Amsterdam, je découvre un nouveau visage de la ville : la foule. Mais d’où vient ce monde ? Une foule si étouffante. Je n’avais jamais vu autant de touristes auparavant. Les rues d’Amsterdam sont si petites, si étroites qu’on ne peut circuler librement.
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Je n’en peux plus du vélo !
À chaque mouvement de pédales, c’est comme si mes jambes se déchiraient peu à peu. Je pense que mon corps veut m’avertir que je ne faisais pas suffisamment de sport avant. Ce qui est vrai.. Mais là, il s’est dit c’est le moment pour se venger et je ne compte pas le faire à moitié.
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Je suis partie dîner ce soir, le restaurant était à 10 minutes à pied de l’appartement. C'est invraisemblable d’avoir tout à proximité, des commerces, des boutiques, des restaurants, bars. Ça change tellement de ma ville, pour s’acheter une baguette un dimanche matin, il faut compter 15 minutes en bus...
Au départ, j’étais réticente à l’idée de vivre à une quinzaine de minutes à vélo du centre, mais plus les jours passent et plus j’apprécie cet écart de toute cette agitation dans le centre.
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Présentation du Brand Strategy aux clients faite par l’équipe stratégique, composée de Gabrielle et Sara. Elles sont si talentueuses et ont été remarquables lors de cette présentation.
J’avais une vision si erronée de la stratégie, je pensais que c’était simplement une direction développée par des graphistes / stratégistes, permettant à la marque de définir son identité, son message, mais c’est beaucoup plus complexe que ça n’y paraît. Ayant toujours été sensibilisée par la forme vis-à-vis du fond, que l’aspect sémiologique d’un projet me paraissait comme l’enfer sur terre. Mais finalement, ce n’est pas si horrible. D’autant plus, j’ai réellement apprécié la méthodologie développée par les filles, c'était si claire, si fluide. Elles m’ont amené à rentrer dans le projet plus facilement et m’ont aidé à saisir les clés et notions importantes à retenir lors du développement de l’identité visuelle. Je prends conscience aujourd’hui, à quel point il est important d’entretenir une forme de dialogue avec l’équipe stratégique pour veiller à ce que le projet reste cohérent, autant dans la forme que le fond.
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Visite du musée Van Gogh. Mes collègues de travail ainsi que mon propriétaire m’avaient conseillé de réaliser la visite avec un audio-guide, ce que je n’ai pas fait...
“Ça sent le vieux...”
Les mots sans langue de bois de Laure, après la fin de la visite.
J’admire l’œuvre de Van Gogh mais je pensais être plus touchée par ses peintures en ressortant de ce musée, mais pas tant que ça finalement.
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Brocante day !
Shiron m’avait conseillé d’aller au IJ-Hallen ce week-end, c’est le plus grand et le meilleur marché aux puces d’Europe. Ce marché est situé au nord d’Amsterdam, pour s’y rendre il faut emprunter le ferry, ça ne prend que 5 minutes.
En arrivant, j’ai été immédiatement accueillie par cette grande sculpture faite d’anciens conteneurs, qui nous ouvre le chemin vers le marché. Une partie des stands étaient présentés à l’extérieur, mais aussi à l’intérieur. De premier abord, je semblais assez déçue de ce marché, puisqu’elle paraissait assez “maigre”, il n’y avait pas grand chose, les prix étaient exorbitants... Puis, en continuant mon chemin, je suis entrée dans une ancienne usine, c’est à ce moment que je découvre l’immensité du marché aux puces.
C’était gigantesque ! Je n’avais pas prévu d’y rester encore trois heures. Il y avait de tout, objets vintages, bric-à-brac, vêtements et mobiliers, tous de secondes mains. Mais les prix restaient assez élevés. C’était la première fois que je me rendais dans un marché aux puces, j’ai essayé de prendre un maximum de chose : pantalon, pull, tee-shirt pour tenir l’hiver car je manquais de vêtements chauds. Je suis même repartie avec une caméra, n’est-ce pas merveilleux ?
Puis, avec Laure, nous avons continué notre journée seconde main, en faisant la tournée des friperies dans le centre d’Amsterdam. C’est si chère ici... Un pull à 40 euros, un t-shirt à 35 euros, un long manteau à 75 euros... La gentrification.
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Acceptons de vivre en acceptant notre propre solitude.
Soyons en paix avec nous-même.
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J’ai un colocataire qui est arrivé la semaine dernière, il provient d’Ukraine et ne reste que deux semaines. Depuis que mon propriétaire est parti, il reste muet comme une carpe.
Je crois que je l’intimide.
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Réveillée par les bruits de la cafetière et des nombreux passages de mon propriétaire dans la cuisine. Une question me taraude. Pourquoi cela semble-t-il si difficile pour les hommes de poser délicatement leur talons au sol sans émettre de bruits ? Comme si ça demandait un effort colossal...
08:45.
Je décide cette fois de me rendre à l’agence. Bien que j’adorais ma nouvelle vie à distance et ses avantages à savoir : rester plus longtemps au lit et être en pyjama. Les trajets en vélos, douloureux soient-ils, me manquaient terriblement.
Le bruit paisible des canaux le matin.
Les regards épuisés des cyclistes que je croisais sur ma route.
L’odeur de la rosée quand je traversais le Westerpark.
Mais honnêtement, je pense que c’était aussi une manière d’éviter de passer l’entièreté de la journée avec mon propriétaire. Quel homme bavard... En temps normal, j’apprécie les personnes bavardes parce que je trouve si fascinant que des individus éprouvent un besoin presque obsessionnel de partager quelque chose à l’autre. Ce sont des individus plutôt généreux, même si, la plupart du temps, le silence ne leur ferait pas de mal. Mais ce que je n’aime pas en revanche, ce sont les personnes bavardes, imbues d’elle-même, qui n’ont aucun sujet de conversation pertinent ou nouveau à partager et dont la parole est utilisée comme un espace pour laisser parler leur égo, sans se préoccuper ni s’intéresser à la personne en face.
Ces conversations, plutôt ses monologues, sont gravés dans ma mémoire : “Je suis tellement dégouté de l’enseignement national”, “Il n’y a que les enfants qui me retiennent. (...) J’ai juste envie de me barrer dans un pays exotique; tiens le Mexique c’est pas mal. Les plages sont sublimes.”, “Tu sais, je ne fais pas ça pour l’argent. (...) Tu sais, j’ai eu beaucoup de réservation Airbnb cette semaine. (...)” , “Comment vont tes parents ? Moi ils vont bien. (...)”, “Aujourd’hui, j’ai eu de bons clients, un homme et une femme sympathique, d’ailleurs ils m’ont filé un pourboire. (...) Tu veux faire un tour de vélo? Dis-moi quand tu veux faire un tour de vélo.”
09:29.
Il n’y avait que Kaat à l’agence ce matin. Nous avons discuté de notre semaine, de nos plans pour ce week-end et de séries télévisées. Elle est adorable et toujours avec une pêche, c’est invraisemblable, je me demande comment fait-elle pour rayonner chaque jour. C’est comme si rien de grave ne lui était jamais arrivée.
Je venais de me rappeler que je devais terminer la cover pour la newsletter 10 things. Bien que j’adore expérimenter, le fait de n’avoir aucune contrainte dans la réalisation de cette cover me rend la tâche beaucoup plus difficile. Plus le sujet est libre et plus il est difficile pour moi, de faire des choix. Aujourd’hui, j’ai pris une heure pour choisir quelle cover était la mieux réalisée.
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Week-end dédié à faire des musées. Le prochain sur ma liste est le Stedelijk Museum, un musée d’art contemporain situé tout près du musée Van Gogh, sur la place MuseumPlein.
En sortant du musée : je n’ai rien compris, mais j’ai bien aimé certaines scénographies.
Je m’attendais à être surprise, être questionnée, mais aussi assumée de ne pas tout comprendre, comme mes collègues de travail m’avaient prévenu que c’était un musée contemporain assez “perché”. Mais, je ne pensais pas que ça l’était autant. Je pense que certains travaux mériteraient d’être davantage expliqués ou accompagnés d’une indication claire, pour en comprendre le contexte et les intentions de l’artiste, au lieu de s’imaginer certains combats et messages qu’ils y auraient derrière.
Je suis partie avec une légère frustration.
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Troisième et quatrième musées sur ma liste : Fashion for Good Museum et Huis Marseille.
Avec la petite équipe à Amsterdam, nous nous sommes données rendez-vous au Fashion For Good Museum, une petite galerie située dans le centre d’Amsterdam. Posées devant l’entrée de l’exposition, nous attendions Laure et comme d’habitude elle est en retard. Pour combler l’ennui, on essayait de deviner toutes les trois dans combien de temps comptait-elle arriver. Il venait d’être 14h, Violette avait parié pour une arrivée précise à 14h09, Solène c’était 14h22 et moi 14h15. Le temps passe... Il était 14h10, Violette avait donc perdu. J’avais encore ma chance. Il était 14h14, toujours aucune nouvelle de Laure. Puis, plusieurs minutes plus tard, je vis au loin de l’autre côté de la rue, Laure, en train de chercher un emplacement pour ranger son vélo. Il était 14h19, j’étais à quatre minutes de gagner.
En entrant dans le musée, je supposais que nous allions découvrir une rétrospective d’un artiste ou bien une exposition qui retrace l’histoire de la mode, en fin de compte, ce n’était aucun des deux. Fashion For Good Museum nous ouvre les portes des laboratoires qui élaborent de nouveaux textiles et matières pour imaginer ce que serait la mode de demain. Une mode plus écologique, plus durable et plus éthique. C'était passionnant, de découvrir comment la mode pourrait-elle devenir dans le futur, même si je reste néanmoins perplexe face à ce carnage écologique et humain qui a atteint un point presque de non-retour, vis-à-vis de nos habitudes de consommation et l’impact économique que cela représente. Mais, c’était quand bien même intéressant de découvrir la mode sous une peau “neuve”.
“Sérieusement, pourquoi aurais-je autant l’envie de dépenser 70€ pour un sweat ordinaire monochrome, avec un simple logo dessus. Alors qu’avec cette somme, je peux remplir mon panier Shein? ”
Une fois la visite terminée, nous avons déambulé jusqu’au musée de la photographie Marseille Huis. L’entrée très marbre émeraude avec ses moulures pose l’ambiance. C’est si différent des musées à Paris, la plupart des musées à Paris, les des espaces été pensés pour exposer et donc font rapidement très artificiels. Ici, j’ai la sensation de pénétrer sans autorisation dans une demeure, tellement le cadre paraît intimiste. Pour cette exposition temporaire, le musée a souhaité mettre en avant le travail de Charlotte Dumas, une photographe et réalisatrice néerlandaise. Figure animal, le cheval a été le cœur de son travail ces dernières années.
“Attendez, Charlotte Dumas n’est pas Française ?? Quelle déception... ”
En ressortant de l’exposition, j’avais juste envie d’adopter un cheval pour m’enfuir sur une île déserte, là où les vagues frappent si intensément les rochers que les écumes qu’elles forment, se confondent avec les nuages.
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Ça fait maintenant un mois que je suis ici et pourtant j'ai encore la forte sensation d'être arrivée il y a seulement quatre jours.
“Times flies”
Pourquoi ai-je continuellement cette sensation en moi, de n’avoir rien vécue, de n’avoir rien vu ni rien découvert ? Et pourtant, je ne peux nier cet état de dépaysement depuis mon arrivée. Sans doute, un état d’insatisfaction, ou peut-être la marque d’un temps qui passe beaucoup trop vite. Qui plus est, les photographies prisent durant mon séjour qui remplissent peu à peu la mémoire de mon téléphone, m’affirment le contraire.
Ce que la mémoire de mon téléphone me dit :
- J’ai appris à vivre seule et j’apprécie davantage ces moments seuls.
- J’ai découvert une ville extraordinaire, avec ses paysages, ses habitants, sa culture. Même si de temps à autre, certaines attitudes et regards me font bien rappeler que je ne suis pas d’ici.
- J’ai rencontré des personnes incroyables, une équipe de travail incroyable.
Choses que j’aimerais améliorer :
+ M’autoriser à sortir seule
+ Me rendre au parc
+ Aller davantage vers les autres (attention gros chantier)
+ Ne plus être silencieuse par peur d’utiliser les mauvais mots
+ Prendre plus d’initiatives
+ Plus me motiver à tester des choses nouvelles
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Juste flâner.
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J’ai l’impression d’avoir tout donné les premières semaines et que là je ré-apprenais à parler.
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En ce moment, j'ai une obsession pour les films qui capturent les paysages estivaux de l'Italie. J’ai regardé le film d’animation Luca, réalisé par les studios Disney. J’ai été agréablement suprise par la qualité de ce film, en terme de scénario et du visuel. J’ai absolument adoré. Les paysages flamboyants, l’histoire, les personnages. Un surplus d’émotions ce film.
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Nous étions samedi. Tel un matin d’été, le bruit des oisillons m’avaient réveillé. Il était à peine 8h, la fatigue semblait enfin s’être échappée de mon corps. Après mon annulation de sortie de la veille, Laure m’avait proposé de la rejoindre au Waterlooplein Market ce début d’après-midi, que j’ai immédiatement accepté. C’est une brocante en pleine air, située dans l’est Amsterdam, elle a lieu du lundi au samedi, toute la journée. Je déteste tellement me rendre en vélo dans le centre, tellement les rues regorgent de touristes, mais faire abstraction de cette zone serait complètement idiot, puisque c’est ici où tout se passe.
14:06.
Enfin arrivée, après avoir vécu l’enfer (j’exagère). Les piétons ici, sont pires qu’à Paris, mais c’est vrai qu’il y a plein de Français ici aussi...
Les bruits des pédalos dans les canaux et les ombrelles au-dessus des stands m’évoquaient l’été 2020, à Toulon là où j’avais passé mes vacances. Les soirées restaurants devant les couchés de soleil juste après la plage, avec encore les résidus de sable qu’ils nous restaient sur la peau.
Mais nous étions bien au nord de l’Europe, à Amsterdam.
C’est reversant à quel point le soleil réanime les paysages de la ville, tout comme les habitants. Le soleil est réellement curatif, je n’en doute pas. Cette joie de vivre que j’ai vu et vécu aujourd’hui, je veux la vivre quotidiennement.
J’ai trouvé trois pulls sympas au marché, parce que même si il fait chaud aujourd’hui, dès lors que le soleil laisse place à l’ombre, il fait un froid de canard.
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Lézarder : se chauffer au soleil.
Comme activité du jour, ça ne fait mal à personne?
Sous ce soleil cuisant, je me transforme en un plateau de cuivre en fusion.
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Le soleil et la chaleur de la veille ont laissé place à un ciel gris, morose.
Le projet est encore en pause... Autrefois, je me plaignais de m’être souvent retrouvé sous l’eau dû aux nombreux projets qui tombaient en même temps. Finalement, je crois que j’ai besoin de cette perpétuelle stimulation, de cette effervescence créative. L’inaction, qu’est-ce que c’est chiant !
21:27.
Je décide d’appeler mes proches. À chaque fin d’appel, c’est comme si mes batteries venaient d’être à nouveau rechargées. Bien que j’adore être seule, le sentiment d’être inactive professionnellement et socialement m’incommode ces derniers jours.
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Ce soir, c’est the soirée Karaoké !
Depuis mon arrivée dans l’agence, les filles de mon agence me parlent de cette soirée Karaoké comme étant LA soirée de l’année. Au départ, je n’étais pas très enthousiaste à l’idée de cette soirée Karaoké. Bien que j’adore chanter, mais entre chanter seule, chanter devant ses proches et devoir chanter devant une audience dont des personnes que tu viens de connaître me bridait énormément. Mais après les multiples demandes de la part de Shiron (la manageuse) et Jen (la productrice et organisatrice en chef de la soirée), je me décide finalement à y participer.
Arrivée le soir-J. Comme à mes habitudes, ma bonne amie la flemme décide de s’immiscer dans ma vie, juste avant de partir. C’est toujours difficile d’y remédier, de choisir entre ce que dit ta tête - tes émotions ou ton instinct. Mais, cette fois-ci encore, je décide de suivre mon instinct et d’y aller... D’autant plus, à chaque fois que j’ai eu la flemme juste avant de sortir, 2 fois sur 3, la sortie était magique ! En entrant dans le bar/karaoké, j’étais comme téléportée au Japon. La déco-scéno était époustouflante, sans mentionner les fameuses toilettes japonaises. J’ai entendu dire que c’était l’expérience à faire quand tu te rendais dans ce karaoké, je n’ai pas eu cette chance ce jour-là. Elles n'étaient pas dispo.
C’était la première fois que je faisais un karaoké, enfin, dans une vraie salle de karaoké. Lors des premières minutes, j’étais intimidée par la prestation sans aucune gêne des autres membres de l’équipe, mais une fois que tu entends une chanson que tu connais et que tu apprécies, c’est comme si les barrières de la honte disparaissaient. Même si on provenait de pays différents : la Suède, l’Australie, le Canada, l’Angleterre, la Belgique etc. La musique créait comme un vecteur de lien fort entre nous toutes, chaque musique représentait un évènement spécial qui nous reliait toutes à des moments de notre vie.
La musique est un vecteur de lien fort. J’y crois dur comme fer.
Sans vouloir me jeter des fleurs, mon duo avec Jen sur la chanson No One d’Alicia Keys était tout simplement incroyable.
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Workshop Unite the curious
UTC est un nouveau type de workshop lancé en novembre par Georgios, il a pour objectif d’ouvrir un espace d’échange entre les différents membres de l’équipe par le biais d’exercices de réflexions créatives.
Aujourd’hui, c’était la seconde édition de l’UTC et le thème sélectionné pour ce workshop était le concept 4:1. 4:1 est un concept développé par l’agence, il consiste à laisser à chacun la journée du vendredi de libre, pour explorer, apprendre, lire ou encore écrire — en d’autres termes, faire ce qu’on aime.
À l’origine, ce nouveau concept paraissait comme prometteur puisque la journée du vendredi se transformait en un véritable laboratoire d’expérimentation. Chacun présentait ses productions à tour de rôle, ce qui permettait par la même occasion de créer une séparation avec le boulot de la semaine. Cependant, depuis la fin du confinement et depuis l’instauration du télétravail, ce concept créatif a perdu de son engouement, puisque de moins en moins de personnes se rendaient en semaine à l’agence pour travailler et encore moins le vendredi. C’est pourquoi, Georgios a décidé d’en faire le sujet de cet UTC pour essayer d’en comprendre les raisons de cette baisse d’énergie créative. L’atelier se composait de trois exercices a effectué en groupe de cinq, ce qui permettait d’établir un échange. Le premier exercice était tout d’abord de brainstormer en groupe, et déterminer les points positifs et négatifs du 4:1 en les classifiant dans la partie “Heaven” (trad. Paradis) et “Hell” (trad. Enfer). Puis, le second exercice était de revenir sur ces points négatifs que nous venions de présenter, pour par la suite les développer. Enfin pour terminer, le dernier exercice était la proposition de solutions, cet exercice était en revanche individuel. À l’issue de chaque exercice, nous devions mettre en commun avec l’ensemble des groupes, afin qu’une discussion en découle.
Malgré que je ne pouvais témoigner de ma propre expérience puisqu’elle n’était pas comparable à la leur, j’ai tout de même trouvé ce workshop incroyablement fantastique et pertinent, tellement il était rempli de bonté et de bienveillance. C’était la première fois que j’assistais à un atelier collaboratif qui consistait à simplement à être à l’écoute de l’autre, sans établir de hiérarchie ou d’un jugement quelconque. En fin de compte, j’ai trouvé cet atelier si important et il m’a fait ouvrir les yeux sur les relations intra-professionnelles, combien il est nécessaire de s’écouter et communiquer pour construire des liens sains et durables.
April
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Après le workshop de la vieille, je m’attendais à voir l’agence full aujourd’hui, mais niet.
Nous étions sept aujourd’hui.
Ma tâche du jour : prise en main du logiciel Processing. J’aimerais créer un poster interactif via Processing.
Résultat : Comment c’est dur ! Les nombreux workshops Processing que j’ai eu la chance d’avoir en licence, c’est toujours difficile de revenir sur ce logiciel après l’avoir quitté plusieurs mois après; c’est comme si j’apprenais à l’utiliser à nouveau. Mais finalement, je suis assez contente du résultat, même si ce n’est pas ce que j’espérais, j’ai quand bien même réussi à me surpasser.
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Je suis allée de nouveau au IJ-Hallen pour partir à la recherche de nouvelles pépites. C’est devenu comme un jeu pour moi, l’objectif est de trouver le vêtement qui finira dans ma garde de robe. Parallèlement, lorsque je traverse ces stands et que j’aperçois tous ces objets, ces vêtements qui portent tous une histoire, un héritage, c’est comme si j’étais immédiatement frappée par une mélancolie.
Notamment, il y avait ce stand où cette dame vendait des photos d’époque, dont on pouvait apercevoir des paysages, des portraits de personnes et des portraits de familles. Je trouvais cela relativement poétique voire mélancolique, mais en même temps je me questionnais quant à l’aspect éthique de vendre un héritage familial pareille, ça représente une forme de trace de leur passage sur terre. Je ne pouvais imaginer l’histoire de ces personnes, qu’étaient-ils devenus, mais aussi comment ces photos avaient pu arriver jusqu’ici et jusqu’où iront-elles.
Bon plan, lorsque vous restez jusqu’à la clôture du marché, passez à côté d’un stand qui est en train de plier bagages, faites mine d’être intéressé, regarder attentivement, toucher certains articles exposés. La plupart vous proposeront de repartir gratuitement avec leurs invendus de la journée. Bingo ! Un sac à dos et des vêtements gratuits.
Anaëlle est repartie avec un tas de vêtements gratuits. D’après, ce que m’avait expliqué Shiron, ici les dons de vêtements sont beaucoup plus complexes et plus réglémentés. Pour ce faire, il faut se rendre dans des lieux spécialisés, situés en dehors d’Amsterdam. Ce qui explique que la plupart des brocanteurs font don de leurs objets, vêtements pour s’en débarasser.
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Après une longue période creuse, d’ennui à attendre les retours des clients et l’élaboration de la direction stratégique du site web, je retravaille de nouveau sur le projet Garrixon, au niveau de la direction artistique du site e-commerce.
Ma mission des prochains jours : conceptualiser les différentes pages du futur site e-commerce à partir du brief développé par le directeur artistique et l’équipe stratégique.
C’est si étrange de travailler sur un projet en délaissant autant les tâches que ce soit le copywritting, l’aborescence du site... J’ai tellement été conditionnée à être multi-tâches durant ma licence, que voir le projet être autant piloté par l’équipe stratégique est à la fois frustrant mais apaisant d’une certaine manière.
Après tout, ce sont leur travail.
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Il n’est même pas 10h, je viens d'arriver à l'agence.
je suis en sueur, ma peau colle. Le vélo n'est définitivement pas fait pour moi.
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J’ai adoré cette journée. Bonne nouvelle sur bonne nouvelle aujourd’hui.
Nous avons fait un point avec la team Garrixon pour discuter du projet, et connaître l’avancée de chacun tout en rappelant les attendus de la semaine prochaine. Je me suis sentie si bien, fin, je me sentais tellement à l’aise, si je devais comparer à la semaine dernière.
Gabrielle, étant seule aujourd’hui, elle nous a partagé son avancée sur le branding stratégique, elle a un sacré don pour capter l’attention, elle pourrait me raconter n’importe quoi, je continuerai à suivre ses lèvres. La stratégie dans le branding, une sacré révélation...
Puis, vient notre tour, la team design, nous avons chacun présenté nos visuels, chacun a adoré. Voir ses productions autant appréciées et considérées, j’avais oublié à quel point ça fait du bien.
15:30.
Nous avons fait un point avec l’équipe design à savoir Nils, Elena et Chess pour échanger autour du 4:1 et du design en général. Nils nous a amené plusieurs bouquins de graphisme, de photographie. J’avais l’impression de revenir en licence, quand on échangeait, pour discuter de nos dernières découvertes. Le bon vieux temps.
Puis, nous avons fait un tour pour exposer nos recherches, expérimentations des dernières séances de 4:1. Chess nous a présenté ses récentes recherches autour d’un projet typographique qu’elle vient de démarrer. Elle est si organisée, découvrir toute sa démarche, son processus de travail, c’était si intéressant de voir. Elena, quant à elle, nous a présenté ses visuels réalisés sur Cinema 4D, toujours aussi classe. Quant à moi, je leur ai présenté certaines expérimentations sur Processing (le logiciel de l’horreur) et quelques extraits du projet Bribes d’Amsterdam qui consiste à créer une plateforme en ligne qui fait office de collecte et d’archive des notes et photographies prises durant mon stage Amsterdam (oui oui oui, depuis ça charbonne). Ils ont surkiffés.
Nils veut me prendre en CDI ! Je crois que ce sont mes expérimentations sur Processing qui l’ont séduit.
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J’aimerais aller à La Haye pour parcourir les plages. J’aimerais aller à Monnickendam pour traverser ces forêts.
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Je viens de me rappeler que je possédais un abonnement classpass et c’est le dernier jour pour consommer mes 70 crédits... Que vais-je faire ? Aller à la salle de sport ... hmm, pas assez fun. Commander une salade... hmm pourquoi pas, mais ça me coûtera que 7 crédits. Du coup, j’ai pris : Salade + 2 Iced Coffee (je ne bois pas de café) + Massage. Je crois que le vélo m'a épuisé. Même après ce massage, j’ai toujours mal aux jambes et aux genoux.
C’est incurable.
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Les terrasses ici sont toujours pleines à craquer. Même en semaine... J’entends souvent dire que les Parisiens passent leurs temps en terrasse, mais je ne savais pas qu’il existait pire... Les Néerlandais ... Il n’est même pas 19h, qu’il n’y a déjà plus de place partout.
Mais ces gens travaillent-ils ?
Je me souviens quand on avait essayé d’accéder à une terrasse, la serveuse qui se tenait devant, nous avait demandé si on avait réservé. J’ai crû que c’était une plaisanterie et bien figurez-vous que non, elle était très 1er degré. Il y a tellement de monde dans cette petite ville, que réserver pour simplement boire un verre est monnaie-courante.
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Aujourd’hui c’était le dernier jour de Magnus, il était designer graphique au sein de l’agence. Je n’ai pas eu la chance de le rencontrer car il travaille depuis la Suisse et ne participe à aucun zoom, hormis celui du lundi matin.
Néanmoins, j’éprouve une certaine tristesse de voir partir un membre, il faisait parti de l’équipe depuis maintenant huit ans. Mais surtout, de lire cette tristesse sur les visages et les regards de mes collègues.
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Le stage à l’étranger étant le moment idéal pour visiter les potes de classe, Énora a décidé de me rendre venir me rejoindre aux Pays-Bas.
Enora : Coucou (...) Tu dors à l’appartement ce soir finalement ou pas ?
Jessy : Je ne suis plus trop d’humeur, je vais plutôt rentrer en transport le soir et revenir le lendemain. Amsterdam n’est qu’à 40 minutes en train.
Enora : Mais ça fait longtemps qu’on ne s’est pas retrouvé toutes les quatre depuis le dnmade... Un moment plus tard.
Jessy : J’ai pris les billets pour ce soir
Je me rends compte qu’en écrivant, que c’est terriblement facile de m’amadouer...
16:40. Sur le chemin vers la gare Sloterdijk. En me rendant en vélo jusqu’à la gare, je suis passée à côté de quartiers dits “communautaires”, et bizarrement plus je m’engouffrais dans ces zones et plus j’apercevais des visages qui semblaient familiers. C’était une réflexion que je m’étais faite depuis mon arrivée, qu’en réalité Amsterdam ne bénéficie pas d’une véritable richesse culturelle, malgré son caractère cosmopolite. Bien que la ville d’Amsterdam ait connu un boom migratoire considérable ces dernières années, notamment grâce aux nouvelles entreprises qui ont investis la ville, ces expatriés venus du monde entier masquent d’une certaine façon ce manque de mixité culturelle. Puisqu’en regardant de plus près, les résidents permanents possèdent leurs propres quartiers et ne se mélangent pas réellement. On possède le quartier Juif, le quartier Marocain, Turc, Asiatique et bien d’autres, mais il n’existe aucun lieu de croisement. Il suffit de sortir de ces zones “communautaires” et que vous verrez sur votre chemin que des brun.e.s ou blond.e.s aux yeux claires.
19:40. Après de longues minutes à attendre le bus, je suis enfin arrivée à Rotterdam.Mes premières impressions en arrivant à Rotterdam, c’est l’ouverture de l’espace. C’est une ville incroyable, lumineuse, claire et ouverte, où l’air semble plus respirable qu’à Amsterdam tellement les rues là-bas truffent de monde. Ici, les trottoirs tout comme les bâtiments sont immenses, c’est un petit Los Angeles dirais-je. J’avais la sensation d’être en été, tellement l’air était plus agréable, qu’est-ce que ça change de ne plus sentir constamment l’odeur du cannabis.
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En flânant dans la ville, je constate que cette ville conserve une certaine mixité architecturale, quand on traverse le trottoir, on peut passer à côté de vieilles bâtisses typiques néerlandaises puis d’un coup, voir dans la même rue des anciennes manufactures désinfectées couvertes d’une couche épaisse de saleté. Et si on lève les yeux, on peut voir de hauts buildings qui toucheraient presque les nuages. Et tout ça, sans aucune transition. C’est comme si, les constructeurs n’avaient pas pris la peine d’observer l’espace urbain autour, avant d’y venir construire.
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Petit-déjeuner pizza à 15h30. Rien de plus normal.
Déambulation dans la ville.
21:50. À peine arrivée à l’appartement, nous devions déjà partir pour rattraper un bus qui nous ramenait à Amsterdam, cela marquait xbien la fin de notre séjour à Rotterdam... Je reviendrais à coup sûr.
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Quand Laure m’a proposé de la rejoindre pour aller jusqu’à Haarlem à vélo, j’ai refusé immédiatement car je ne me pensais pas capable de pédaler une si longue distance.
Amsterdam et Haarlem représente une distance de 23 km à vélo. Comme j’avais comme exemple les 25 minutes de vélo (les plus interminables et épuisantes) pour me rendre à l’agence le matin, je me savais déjà perdu d’avance. Mais je ne sais pas, aujourd’hui, j’ai été frappée par une énergie prodigieuse, j’avais envie de me dépasser et de me surprendre moi-même. Alors, après plusieurs réflexions dans ma tête, à me dire que j’y allais à vélo, puis finalement non, puis par la suite dire oui, j’ai finalement rejoins Laure dans cette balade estimée à 1h30 (c’était bien plus...). Nous sommes passés par des endroits merveilleux, je découvrais des coins si beaux à moins de 20 minutes, d’où je résidais. Nous apercevons sur le chemin, des éco-villages, des clairières, des pâturages...
Haarlem est une ville magnifique, je me sens si bien. Je la considère comme un “petit Amsterdam : à l’attention des familles avec enfants en bas-âges ou pour des personnes fortunées qui cherchent la tranquillité”. Après un tour de manège près de l’église (j’ai faillis mourir 3 fois), nous revoilà remonter sur nos vélos pour pédaler jusqu’à Zandvoort, là où se trouvait la plage. Bien que ce fût absolument épuisant physiquement et mentalement de poursuivre 40 minutes de vélo, après avoir pédaler durant plus d’une 1h30 juste avant. Mais entendre ces mouettes qui nous indiquaient que nous étions pas loin de notre point d’arrivée, me motivait encore plus.
Douche froide. Le soleil s’est couvert durant notre trajet, il commençait à faire froid, il y avait un vent stupéfiant, c’est comme si il me frappait intérieurement. J’étais assez mal vêtue à vrai dire. Même si nous avons décidé de prendre le train au trajet du retour puisque nous étions toutes les deux exténuées et il commençait à faire nuit, je ne me suis jamais sentie aussi fière.
Je reviendrais à coup sûr.
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Aujourd’hui j’avais rendez-vous à la mairie pour aller chercher mon RNI (papier qui témoigne de ma résidence temporaire à Amsterdam). Elle était située à 50 minutes à vélo depuis l’agence, je pensais que ça irait, puisque je venais de pédaler jusqu’à la plage, mais visiblement ça n’a absolument rien changer.
J’étais tellement épuisée... Mais les paysages étaient beaux. Je n’étais jamais aller dans cette partie des Pays-Bas, c’était situé à Zuid, c’est une ville située au sud d’Amsterdam.
Mais à coup sûr, la prochaine fois, je prendrais un taxi.
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Ayant pédalé pendant plus de 3 heures hier et en plus j’avais dû me coucher tard et me lever tôt pour poursuivre la création du prototype, j’étais exténuée !
Première fois, que je sentais une ambiance aussi tendu dans l’agence dans l’agence, Nils a l’air stressée. Je ne sais pas si ce n’est parce que je ne suis que la stagiaire, mais je n’ai ressenti aucune montée de stress... Au contraire, je considère qu’on a fait du bon boulot et que les clients seront plutôt ravis du résultat.
Après la présentation. Résultat : ils sont contents.
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Pourquoi ai-je pris autant de temps à vouloir me rendre au parc seule...
Je suis partie me chercher un smoothie ce matin et enfin, je me suis posée au parc pour dessiner. Habituellement, le parc est truffé de monde, mais ce matin, il n’y avait pas grand monde allongé dans l’herbe. J’en ai profité pour dessiner et écouter de la musique.
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Nous nous rendues à la ville de Lisse, là où se trouve la majorité des champs de tulipes. C’était la première fois que j’en voyais dans la vraie vie. C’était si impressionnant.
Les pigments paraissent irréels ! Ce rouge. Mes yeux n’avaient jamais vu une couleur aussi vive jusqu’à ce jour.
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King’s Day ! Le King’s Day est un jour de fête qui célèbre la date d’anniversaire du roi des Pays-Bas. Depuis 2013, le King’s Day s’effectue chaque année le 27 avril, avec une seule règle : porter du orange. Pour causes sanitaires, le King’s Day a dû être annulé durant 3 années consécutives, c’est pourquoi on m’avait conseillé de ne pas me rendre dans le centre au vu du nombre de personnes qui a été annoncé. Bien sûr, comme à mes habitudes, quand on me dit de ne pas le faire, je le fais, mais cette fois-ci j’aurais dû écouter.
Mais paradoxalement, en me levant ce matin, je n’ai entendu aucun bruit. Zéro bruit dans ma rue, les seuls bruits que j’entendais étaient les piaillements des oiseaux et les bruits de ruissellement des canaux. Je pensais que c’était une mascarade, je m’attendais à ce que ce matin, dès que je me lève et je passe ma tête par la fenêtre à voir les rues qui courent d’enfants, à vendre des choses comme Nils m’en avait beaucoup parler. Je décide enfin de sortir et me rendre dans le centre, il était 14h. Je descends la longue avenue de Kinkerstraat, à peine je voulais me rendre vers le quartier du Jordaan, j’entrevois au loin une foule, orange immense ! Impossible de traverser à vélo. Je décide de le laisser près de l’allée des bus. Les trams qui passent devant moi, sont remplis de monde, je ne distingue aucune personne tellement ils sont remplis. Je décide de déambuler vers le Jordaan et je suis émerveillée par ce que je vois. Des petits groupes performent sur scène ou bien directement depuis le trottoir, des familles et des enfants vendaient de la nourriture, des vêtements, des hommes picolaient, des jeunes dansaient, des jeunes diffusaient de la musique depuis leurs fenêtres.
Certaines rues étaient impossibles à traverser. Au Vondelpark, une foule, je n’avais jamais vu ça auparavant. Même quand on avait remporté la coupe du monde en 2018, il n’y avait pas autant de monde présents sur les Champs Elysées. En voulant nous rendre où Laure habitait, on a dû prendre 30 minutes à vélo pour nous y rendre, tellement il était impossible de pédaler, ni de marcher d’ailleurs. Soirée finie en crêpes party. Farine de blé complet, ce n’est pas dingue. Cependant, c’était une expérience à faire au moins une fois, c’était si bon de voir les gens si heureux.
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Ennuyée de devoir rester à la maison de nouveau, j’ai décidé de me motiver et me rendre à la bibliothèque du coin. J’ai de la chance, la bibliothèque n’est située qu’à 5 minutes à vélo. Ici, toutes les bibliothèques publiques commencent par le suffixe OBA, ça doit sûrement être un réseau de bibliothèques à Amsterdam.
La bibliothèque était située à Hallen C’est une halle qui réunis plusieurs espaces dont le FoodHallen, un cinéma, des salles d’activités et un café situé près de la bibliothèque. Si on oublie les bobo amstellodamois qui peuplent ce lieu, l’espace, cette ancienne gare transformée en un lieu artistique est juste sublime.
J’adore l’alternance de silence et de vacarme qui se jouait dans la bibliothèque. Au milieu de la bibliothèque, il n’y avait aucun bruit, mais au fond de la pièce, un enfant s’amusait et de l’autre côté, une dame jouait du piano.
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Aujourd’hui, j’ai décidé de me rendre au musée, j’oubliais combien c’était agréable de faire des expositions d’art seule. Loin de dire que je n’aime pas le faire à plusieurs, mais l’expérience était totalement différente, tout comme le rythme que tu accordes à chaque oeuvre.
J’ai visité le National Maritime Museum, situé pas loin de WaterlooPlein. C’est un musée qui retranscrit l’histoire marine des Pays-Bas. Ce musée détient une collection invraisemblable de peintures, d’objets et bateaux de l’époque. Je n’avais aucune attente en me rendant à ce musée, mais j’ai été agréablement surprise. Il y avait cette cour en plein milieu du musée, qui servait de croisement entre toutes les pièces d’exposition. Ce dôme de fer qui recouvrait cette cour était juste époustouflant. Si je pouvais y rester durant des heures, je le ferais sans hésiter. Cela m’a beaucoup fait rappeler le musée du Louvre, dans les matériaux utilisés, la brique blanche, le fer, le verre.
Ainsi que l’univers dans chaque pièce (nord, sud, est et ouest), on pouvait passé d’une pièce très rustique à une salle qui vous transporte dans l’espace.
Mei
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Comme il était temps de travailler sur les devoirs de l’école, j’en ai profité pour me rendre à la Bibliothèque nationale d’Amsterdam, la plus grande des Pays-Bas.
Ma réaction en entrant dans cette forteresse : j’adore, c’est tout simplement incroyable !
Sans mentionner la collection de livres d’art qu’ils détiennent, je regrette de ne m’être pas rendu plus tôt ici, même après le travail, rien que pour m’assoir devant ces grandes baies vitrées qui donnent sur les hauteurs d’Amsterdam, ou alors juste feuilleter ces bouquins...
2
Aujourd’hui l’agence accueillait une nouvelle recrue : Alexia Boiteau, une française. Elle est la nouvelle directrice artistique qui accompagnera Nils sur les projets. D’ailleurs Alexia et Nils se connaissent bien, puisqu’ils ont travaillés tous les deux pour l’agence Fabric. Afin de marquer le coup et célébrer une journée aussi ensoleillée (très rare), nous nous sommes tous rendus au petit Italien du coin, pour aller chercher notre déjeuner et manger ensemble. Pendant que nous attendions notre commande, j’en ai profité pour discuter avec Alexia. Au fil de la discussion, j’ai réalisé qu’on avait quasiment le même parcours et à quel point le monde était petit ! Avant d’avoir étudié la communication et la publicité au lycée La Martinière à Lyon, elle avait aussi réalisé un BTS Design graphique option médias numériques à l’école Estienne.
Alexia : Il y a encore ce vieil escalier en bois dans ce hall ? À l’époque, il grinçait énormément. Mais qu’il était beau !
Jessy : Oui il y est encore !
Alexia : Vous avez encore cours dans ces salles lugubres situées au sous-sol du bâtiment ?
Jessy : Oh non, on est désormais dans les nouvelles salles moulurées, je crois qu'à l'époque, elles n’existaient pas encore. Aujourd’hui, ce sont les DSAA Numérique qui occupent ces salles.
Alexia : Ah tant mieux... Parce qu’elles étaient horribles.
Jessy : Elles n’ont pas vraiment changé depuis...
Dès la fin de ses études, elle prit la décision de s’installer aux Pays-Bas pour une durée indéterminée, et finalement, elle n’est jamais revenue en France.
“La vie est si bien ici, pourquoi retourner en France ? On ne travaille que 4 jours dans la semaine, il n’y a aucun système hiérarchique et le mode de travail est beaucoup plus relaxant. Non mais sérieusement”
C’était exactement la même réflexion que je m'étais faite, depuis que j’étais ici : Pourquoi rentrer ? Même si au départ, je pensais que c’était une sensation relativement biaisée, parce que je n’étais ici que depuis deux mois et je ne voyais que les côtés positifs de la vie néerlandaise. Mais, entendre les retours et les leçons de vie de Nils, ou encore d'Alexia et de Seb, qui ont tous les deux quittés la France pour aller travailler à l’étranger, m’ont fait ouvrir les yeux et m’ont amenés à me questionner sur mes propres choix de carrière. Pourquoi vouloir travailler ici quand tu peux choisir un autre mode de vie et une autre façon de travailler qui te correspond plus ? D’autant plus, Amsterdam n’est qu’à trois heures de Paris.
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Ce matin en me rendant au travail, comme à mes habitudes je passais par le WesterPark et j’ai été surprise par le nombre de râteliers pour vélo qui venaient d’être installés sur la place. On m’a prévenu à l’oreillette, qu’aujourd’hui c’était la fête nationale aux Pays-Bas.
Pourtant nous avions bien travaillé aujourd’hui... Apparemment, ce jour est férié mais que tous les 5 ans, une règle bien étrange. En rentrant du travail, je suis repassée par le WesterPark, la route semblait être barrée par une foule. J’entendais de la musique, je crois qu’il y avait plusieurs festivals de musique au parc. Alors je décide de rentrer chez moi et de repartir pour participer à cet évènement, car il serait bien dommage de rater ça. En rentrant, j’aperçois sur mon chemin plein de drapeaux qui ornaient les façades, de la musique qui résonnait dans les rues, les bars étaient plein à craquer.
Mais une foule... Je ne pensais pas une seule minute qu’il y aurait autant de monde... Un jeudi en pleine semaine... Non ce n’est pas possible. Il devait y avoir trois spots de dj-set et dans chacun de ces spots il y avait une foule immense.
J’ai pris des frites, d’ailleurs très savoureuses et je suis partie danser.
Tout à pris fin aux alentours de 22h - 00h. Puis nous sommes parties dormir pour aller travailler demain. Car oui j’oubliais, mais je travaillais bien demain.
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Après avoir passé deux heures, à relire et à hésiter, je me suis enfin décidé à envoyer ma demande d’entretien, sous forme de podcast, sur le groupe Slack de l’agence. L’intérêt de cette série de podcast est de collecter la parole de professionnels, dans l’industrie créative, pour qu’ils nous racontent chacun leurs parcours, leurs routines en tant que créatifs, ainsi que leurs visions pour comprendre les coulisses de leurs métiers. J’ai été complètement surprise par la réaction positive de mes collègues, ils ont totalement adoré l’idée et ont hâte d’y participer. Si cet accueil m’a fait particulièrement plaisir, et m’a montré un certain intérêt de leur part, d’un autre côté, je commençais peu à peu à ressentir de la pression, au vu du nombre de participations que je recevais... Je ne pouvais pas arriver, leur prendre un moment dans leur journée pour les interviewer sur des sujets et questions médiocres. Il était essentiel que je trouve des questions intéressantes sur lesquelles mes invités et moi-même pouvions rebondir. Alors, j’ai mis les bouchées doubles pour déterminer un fil conducteur qui soit progressif et qui permettra d’enclencher une discussion, car l’idée avant-tout, n’était pas de faire question-réponse mais bien d’établir un moment de relaxation, pertinent et pouvant être une source d’inspiration pour mes auditeurs.
J’ai eu l’occasion d’interroger Chess et Emma, nos discussions ont duré tous les deux plus d’une heure, je ne pensais pas mais, je me rends compte que j’ai rédigé beaucoup trop de questions. Toutefois, c’était passionnant et inspirant de découvrir le parcours de vie de chacun et comprendre comment elles en sont arrivées jusqu’ici et la manière dont elles ont choisis de construire leurs vies. J’ai été particulièrement touchée par notre discussion avec Chess, avec qui, j’avais eu l’occasion de sympathiser auparavant, je l'ai découvert en profondeur. C’est si étonnant, mais j’avais le sentiment de l’avoir connu bien avant, dans une autre vie, tellement nos parcours se ressemblaient et nous avions les mêmes points de vues sur les choses. Fin, j’avais la sensation de voir une deuxième Jessy devant moi, mais avec un niveau au-dessus ahah. J’ai adoré partager ces moments, découvrir des personnes inspirantes, mon seul regret c’est de n’avoir pas suffisamment sympathisé et m’être intéressé plus tôt avec ces mêmes personnes, parce que je réalise qu’elles sont toutes incroyables. Notamment, cette discussion avec Chess, ses conseils, ses mots restent encore gravés dans ma mémoire, tellement, elles m’ont fait échos, et m’ont été curatives.
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Je n’arrive pas à croire que c'est la dernière semaine ouin ouin. Je m’imaginais déjà vivre ici, avec mon chien, mon petit appartement, siroter mon jus d’orange depuis ma grande fenêtre qui donne une vue sur les canaux. Plus les semaines passent et plus je découvre d’autres lieux à Amsterdam.
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C’est mon avant-dernière journée de travail à l’agence. Vendredi étant une journée dédiée à l’atelier d’expérimentation, aujourd’hui, sera pour la plupart de mes collègues, la dernière fois que je les verrais.
Réveil maussade, sous un soleil embrasé. Je ne peux cacher ma peine. Pour célébrer ma dernière journée de stage, ma tutrice de stage m’a convié à un tour de bateau le “pancake boat”. C’est un peu l’attraction touristique à faire ici. Le départ avait lieu à 17:30 au nord d’Amsterdam. La croisière n’a duré qu’1h30, c’était si rapide. Surprise, on m'a offert des cadeaux. Je déteste ce genre de moment, je ne sais jamais comment réagir.
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Ce n’était pas qu’un simple au revoir.
“Il n’y a pas d’adieu mais que des au revoir”
Dès lors que j’ai quitté les bureaux, précisement à 17:04, j’ai senti une déchirure en moi. Mon cœur s’est brisé en milles morceaux. Jamais, je n’avais vécu un adieu aussi violent.
Malgré ce soleil, cette chaleur, ma journée n’avait plus goût de la vie, j'exagère à peine.
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C’était réel tout ça ?
J’ai eu du mal à trouver une motivation pour me lever ce matin.
Pourtant, il faisait si beau dehors. Je me suis tout de même réveillée puisque j’avais une liste de cadeaux à acheter aujourd’hui. Ce soir, avec Anaëlle, nous avons décidé de déambuler, une dernière fois, dans la ville.
Est-ce possible de garder des souvenirs gravés dans sa mémoire, sans que le temps ne les détériore ? J’aimerais garder cette expérience en mémoire telle que je l’ai véritablement vécu.
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Le retour est extrêmement dourouleux. J'appréciais mes moments seuls loin de tout.
Maman m'accueille comme si je l'avais quitté il y a 3 jours...
Pourquoi ai-je la sensation d’être une complète étrangère ? La maison a si changé, le garage a disparu, tout comme la chambre de maman et papa.
Je ne me souvenais plus que l’évier se situait à cet endroit de la cuisine.
Qu’il faisait aussi sombre dans la maison.
Que le lavabo était aussi bas.
Que la maison respirait la poussière.
Que maman avait autant de cheveux blancs.
Que Papa était autant dans son studio.
fin
Chaque jour a été un nouvel émerveillement. Chaque jour a été une chance de plus, pour découvrir un nouveau visage d’Amsterdam, caché sous cette pluie et cette ambiance morose.
Amsterdam. Une ville aux multiples visages.
À travers ce journal de bord que je considère comme mon journal de mes notes insipides, j’espère avoir retracé le plus fidèlement cette expérience, tant extraordinaire et insignifiante qu’elle ait été. Ce voyage à Amsterdam figure parmi l’une de mes plus belles et plus grandes expériences de ma vie.
Épouser ma solitude et ma vulnérabilité m’a permis d’en capturer des réponses, sur moi-même, sur mon futur métier et sur la personne que je voulais incarner plus tard. Bien que, ça m’ait donné de temps à autre le tournis face à l’immensité des possibilités qui s’ouvrait à moi. Aujourd’hui, je ne peux qu’être reconnaissante envers la vie et envers l’agence qui m’a accueilli dans le cadre de ce stage. À qui je salue et je remercie pour leur accueil invraisemblable, je n’avais jamais espérer vivre une expérience de stage pareille, d’avoir eu cette opportunité d’intégrer une équipe incroyable, composée de personnes toutes talentueuses et inspirantes les unes que les autres.
Cette peur de l’inconnu que j’exposais dans ce journal, semble avoir disparu, et j'espère qu'elle ne reviendra plus.